Friday, November 17, 2006

CAIJ fait pour meriter cela?

Pourquoi?

J'invite par le présent billet les employés et membres du CAIJ, c'est-à-dire pour ces derniers, les membres du Barreau, à m'expliquer pourquoi " À compter de janvier 2007, le mot de passe sera obligatoire pour accéder à JuriBistroMD TOPO.", tel qu’on le lie sur la page d’accueil de Juribistro|Topo?

J'ai beau ressasser dans ma petite tête tous les motifs pouvant justifier une telle décision et chacun des arguments semblent s'effondrer aussitôt.

Le seul semblant de raison serait que les membres payent pour ce service et seuls ceux-ci devraient pouvoir y accéder:

Soit! Les avocats payent pour ce service. Par ailleurs, si l'on se fie au rapport annuel de l'organisme, les x$ payés annuellement sont une fraction de ce qui est déboursé dans les autres provinces.

Pousser cette argument à l'extrême donne á penser que certains avocats se disent: "si des gens qui ne payent pas peuvent y accéder, pourquoi payerai-je". Et bien, s'il en est ainsi, que l'avocat en question se lève et ne paye plus. S'il y a un engouement pour ce propriétarisme alors le CAIJ n'aura plus de fonds et fermera ses portes....

Par ailleurs, dites-moi, combien de non-membres accèdent réellement au site? N'est-ce pas présomptueux que de croire qu'un non-juriste prenne son pied à lire l'information juridique qu'on y retrouve? De toute façon, même si 40% du lectorat était des gens autres que les membres (et là j'exagère car je parierais qu'il y a moins de 5%!), le CAIJ n'atteindrait-il pas son objectif en rejoignant une majorité de membres? En fait, plus simple encore, je ne crois pas qu'il faille gérer par exception... Au fait, quelqu'un au CAIJ aurait-il l'amabilité de me transmettre une copie des journaux d'accès au site afin que j'analyse les domaines desquels se branchent la majorité de sa clientèle?

Serait-ce parce que certains avocats croient qu'ils perdront de la clientèle si celle-ci peut accéder gratuitement à cette information? Si c'est le cas, je dois dire bien respectueusement que ces avocats n'auront certainement pas de clients mais pour bien d'autres raisons. Comment peut-on ignorer le travail d'un avocat au point de croire que l'information brute se retrouvant sur le site du CAIJ a une valeur juridique quelconque. En fait, cette information est utilisée par les avocats afin de créer un avis juridique, une procédure, un argumentaire, etc. Il faut personnaliser l'information juridique pour qu'elle ait une valeur quelconque. Autrement, qu'on nous remplace par des machines en faisant de même avec les juges... Les clients pourront entrer les faits dans la machine qui contient le droit, celle-ci émettra une carte qui sera ensuite inséré dans une autre machine qui prendra aussi la carte de la partie adverse et qui émettra un jugement. Ultimement, comme vous vous en doutez ce sera la machine qui coûte le plus cher qui aura le meilleur taux de succès...

Par ailleurs, la justice étant un bien public pourquoi voudrait-on s'approprier sa ressource première, l'information? N'est-ce pas aller à l'encontre de ce qui est véhiculé à l'heure actuelle? On (avocat, juge, médias, justiciables) parle sans cesse d'accessibilité de la justice. En quoi de telles mesures participe-t-elle à celle-ci? En fait, les avocats devraient utiliser de tels mediums afin de vulgariser leur spécialité et la démocratiser. Ce faisant, nous aurons moins l'air d'alchimistes désirant conserver leur chasse gardée avec la recette de leurs potions magiques... Comme si les médecins refusaient que les symptômes des maladies soient affichées sur le web!

N'oublions pas non plus que les gens sont paresseux et que les avocats courent après leur temps. Ainsi, le simple fait d'avoir à entrer un code pour accéder au CAIJ aura pour impact de m'encourager à aller voir ailleurs, comme je l'ai déjà fait avec Azimut en bonne partie.

Nous entrons ici dans la théorie du complot... Y aurait-il des intérêts privés qui trouvent qu'ils perdent des revenus à cause du CAIJ et qui préféreraient le voir enfermé derrière un code d'accès afin de voir les membres comme moi le délaisser..?.

De plus, il me semble qu'en s'enlisant dans cette voie, le CAIJ s'assure d'avoir des problèmes techniques liés à l'accès protégé. Évidemment sans compter l'argent qui sera dépensé pour créer la page d'accès limités, le temps des employés (ou consultants) pour ce faire mais aussi le support aux usagers incapables d'accéder qui sera dorénavant nécessaire. Je vous garantie que nous paierons plus cher l'an prochain simplement pour éviter que de méchants tiers puissent lire cette information géniale que nous voulons protéger à tout prix!

Au fait, avec de telles initiatives, nous ne sommes qu'à un pas du néolibéralisme sauvage et son modèle favori: l'utilisateur payeur! Pourquoi tous les membres devraient-ils payer alors que seul un petit nombre l'utilise? Faisons payer ceux-ci... Brillante idée!

En terminant, j'espère que cette malheureuse initiative sera rapidement décriée par les plus gros utilisateurs du CAIJ, i.e. généralement ceux qui utilisent le web puisque, connaissant le web, ils savent que cela va a l'encontre de toutes les tendances actuelles.

Plutôt que d’aller à contre-courant, pourquoi ne pas s’ouvrir sur le monde virtuel en investissant et en développant des outils utiles qui font défaut au CAIJ : des fils rss, wikis, adresses url statiques, blog d'avocats, web sémantique, folksonomy, etc.?

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